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  • 27 février 2010

    Le mystère du téléachat

    8 commentairess
    J'aime bien glander le samedi matin. En fait, non, j'adore ça. Peut être parce que c'est le seul jour de la semaine où je peux me le permettre, sachant que si ma procrastination matinale se prolonge au delà du raisonnable (presque toujours en réalité), il me reste encore tout le dimanche pour compenser le temps mis à profit pour me délasser.
    Généralement je m'installe au chaud emmitouflé jusqu'au menton dans une épaisse couverture, comme une chenille dans son cocon capiteux, affalé sur mon canapé king-size, une tasse de café à porté de main, la télécommande dans l'autre... et je termine ma nuit en m'éveillant tout doucement au gré des émissions télévisées.

    S'il y a un spectacle qui me fascine jusqu'à l'hypnose, c'est le téléachat.
    Apparu sur nos écrans dans les années 80, le concept de l'émission est de réussir à vous faire acheter tout ce dont vous n'avez strictement pas besoin tout en vous convainquant que le bidule vous sera pourtant strictement indispensable.

    Je me souviens qu'à ses débuts ce type d'émission était un peu poussif, coincé, limite mémère... On avait un peu l'impression de voir défiler le catalogue Quelle ou Becquet. Rappelons-nous ensemble de quelques best-sellers : il y avait tout d'abord les fauteuils ultra méga confort qui procurent un orgasme cérébral à chaque fois qu'on s'assied dedans, tellement volumineux qu'en loger deux côte à côte dans son salon est une gageure si l'on ne dispose pas d'au moins 60m² au sol ; le nettoyeur haute pression ensuite, tellement puissant qu'on peut percer la couche d'ozone avec, et qui - ma chère Maryse - décapera toute la vilaine mousse qui a poussé sur les dalles de votre jardin et fera reluire vos jantes auto comme au premier jour - Tout à fait Pierre... Ou encore cet absolument indispensable pulvérisateur en laiton massif qui vous permettra avec aisance et élégance de génocider les vilaines chenilles juchées tout en haut de votre séquoia centenaire ou encore d'asperger les tuiles de votre toit avec un produit d'entretien qui lui redonnera lustre et éclat - Mon dieu Pierre, mais comment ai-je pu m'en passer ?

    Le tout se déroulait dans un studio représentant un salon au canapé en cuir cossu, les animateurs proprement habillés du tailleur et costume réglementaire, très propret, le ton courtois... La télévision un peu lisse comme on savait si bien la faire à cette époque.

    Le temps passant, le genre a essaimé un peu partout, le style évoluant avec l'époque, plus léger, plus fun, plus décontracté. La gentillette musique d'ascenseur a laissé place à des rythmes technos tellement puants qu'excommuniés des salles de sport. Désormais les gentils animateurs sont tes super potes, utilisent un vocabulaire simple de 150 mots, sont habillés djeuns, évoluent dans un décors ultra peps, et vont te proposer plein de belles nouvelles choses ultra modernes qui, tu ne le sais pas encore, vont ré-vo-lu-tion-ner ta vie de looser ! Mééééé ouiii !!
    - Alors mon cher Christophe, aujourd'hui vous nous proposez un outil absolument formidable...
    - Tout à fait ma chère Mathilde, je vais vous présenter non pas un outil, mais LE outil, celui qui vous fera oublier tout ce que vous avez pu voir jusqu'à présent.
    - Hoo, mais qu'est-ce donc ?
    - Hé bien ma chère Mathilde, avant de vous faire une démonstration, je vais tout d'abord vous poser une question.
    - Je vous écoute Christophe ! (lol mdr inside)
    - Comment nettoyez-vous vos dalles de jardin ?
    - Avec du produit spécial qui coûte cher, tellement puissant qu'il dissout le béton , mais très polluant pour l'environnement aussi.
    - Et ce n'est pas bien Mathilde ! Rangez moi tout ça et faites place au nouveau nettoyeur utlra-haute pression à déflagration de charge sur-compensée 600 bars, tellement efficace que même l'Armée elle s'en sert pour décrasser les chars. La démonstration en images...
    Le nettoyeur haute pression est un grand grand classique, un indétrônable. A chaque coup c'est un carton. Pourtant, ce qui m'étonne, c'est qu'au bout de 20 ans et avoir vendu des milliers de ces joujous à travers l'hexagone, chaque foyer ne soit pas encore équipé du sien et qu'au printemps le chant des oiseaux ne soit pas couvert par un balais ronronnant de sur-presseurs en action.

    Au rang des indémodables : les produits amaigrissants. A base de plantes, d'extrait de gluglurama du pôle Sud, d'huile essentielle de fer à cheval, de concentré actif de glandes sudoripares de castor, sous forme de potages, de crèmes ou de suppositoires effervescents, ils sont toutes sensés vous transformer en couverture de Têtu en un temps trois mouvements. Alliés au boxer de sudation en néoprène de tungstène expansé mono-couche tissé main, finies les rondeurs superflues. Et dire que certains s'évertuent à faire des abdos... nan mé j'vous jure !

    Ha, et il a aussi le génialissime vélo élliptique que tout le monde pédale dessus en même temps en souriant toutes dents dehors tandis que l'animateur leur tripatouille la couenne pour montrer comment on reste super svelte avec ça. Et d'inteviewer un pseudo coach sportif en débardeur hyper moulant, laisant deviner ses muscles saillants, aussi à l'aise dans son rôle que si on lui avait demandé de peindre la Joconde, bien en peine face au présentateur qui joue le bouffeur de micro.

    Ce qui me fait systématiquement mourir de rire, ce sont les produits un peu high-tech. Qu'il s'agisse d'un ordinateur, d'un camescope numérique, d'un lecteur DVD ou d'un lecteur MP3, on sent toujours chez le vendeur cette crainte viscérale du sujet mal maitrisé, un peu comme si l'on demandait à un étudiant en 1ere année de psycho de démontrer la constante d'Avogradro... La méthode est toujours la même, qu'il s'agisse d'une clé de 12, d'un sèche cheveux ou d'un robot ménager : c'est  un concentré de technologie totalement ré-vo-lu-tion-naire !

    Ce matin donc, à vendre : un ordinateur portable "de grande marque" nous précise le présentateur. En effet, le nom de cette marque inconnue est écrit en très gros au revers de l'écran. Et pour bien nous prouver que c'est un produit high-tech, de s'adjoindre un sapiteur de trente ans son cadet dont j'attendais quelques explications un tantinet techniques qui ne vinrent jamais. Alors on s'extasie sur l'écran - qui offre un rendu ex-cep-tion-nel de toutes vos photos - sur les deux prises USB (heu, c'est un peu limite non ?) qui vous permettront de brancher tous vos appareils, et son clavier.  Ah, mais le disque dur, c'est quoi ? Et le processeur, il pédale à combien ? Y'a un lecteur/graveur DVD dessus ?  Hein ? ... personne dans la salle ? Bref, nous n'en saurons jamais rien. Mais c'est un concentré de technologie totalement ré-vo-lu-tion-naire. S'il ne l'a pas dit 15 fois, il ne l'a jamais dit ! Bon, des ordi comme ça vous en trouvez des kilomètres au même prix dans n'importe quel magasin, que même la caissière en sais plus que tout le plateau de tournage réuni... 

    En ce moment, l'objet tendance au téléachat c'est une friteuse (je la vois quasiment tous les samedi matin sur toutes les chaines). Oui oui, vous avez bien lu : une friteuse. Révolutionnaire non ? Oué mais attendez, ce n'est pas n'importe quelle friteuse. Là c'est du concentré de technologie totalement ré-vo-lu-tion-naire qui vous propulse dans l'ère du XXI° siècle ! C'est pas de la friteuse à papi qu'on vous propose : bienvenue dans la cuisine moléculaire. Attendez : avec 1 mole d'huile, vous pouvez cuire jusqu'à 18 tonnes de pommes de terre !! (j'exagère à peine). L'argument de l'économie réalisée en ces temps de crise est bien entendu au rendez-vous. J'ai quand même un doute... la friture, c'est de la cuisson dans de la matière grasse. Une friteuse sans huile, c'est comme du pâté d' alouette sans alouette... Et puis 1 litre d'huile, ça coute combien...? Hein ? Bonjour l'économie de bouts de ficelles... Mais comme c'est ré-vo-lu-tion-naire, c'est forcément génial. Pour une somme modique, cela va de soi. La preuve, en images !

    Comment... vous n'avez pas encore acheté le denier écran à plasmotron dépolynucléarisé totalement ré-vo-lu-tion-naire ?

    23 février 2010

    Ô poil...

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    Il est des jours où l'homme a rendez-vous avec son destin, des jours où l'insupportable ignominie du monde qui l'entoure le pousse au delà des limites du tolérable, des jours où la souffrance cumulée en son for intérieur ne demande qu'à exploser telle un volcan sous pression, éparpillant sa logorrhée mortifère de cendres brûlantes sur la cohorte des innocents.

    Fi c'en est trop... Voici venu l'heure de pousser un grand cri qui déchirera le jour comme un obus déchire les chairs :

    Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinh !!
    (cri hystérique déchirant le jour...)

    Car, l'heure est grave.
    Il est en effet un phénomène qui m'inquiète chez mes congénères, pédés ou pas, une sorte de hantise phobique dictée par je ne sais quelle considération pseudo esthétique ou téléguidée par les grands gourous de la mode déjà dénoncés par Montesquieu en son temps : la maltraitance du poil !

    Ce n'est pas sale !
    C'est un processus biologique auquel peu de mecs échappent : à l'adolescence le corps change (non, ce n'est pas sale...) et les poils poussent. C'est ainsi, ce sont des caractères sexuels secondaires ; notre corps est programmé pour cela. Ainsi le corps se recouvre d'un tapis plus ou moins opulent de poils aguicheurs, responsables d'impressions capiteuses dans les esprits sensibles aux charmes masculins... Pourtant certains trouvent disgracieuse cette abondante toison car, sacrifions à l'évidence,  Dame Nature s'avère parfois excessivement généreuse, jusqu'à l'outrance, la toison devenant jungle.

    Pour cette raison, et par un processus de rejet confinant au dégoût, quelques uns ont pris le parti d'éradiquer tout ou partie de leur fourrure. D'autres, si parsemée soit leur toison, font de même pour des raisons qui leur appartiennent et sur lesquelles je reviendrai un peu plus loin, à l'aide des moyens les plus divers : tondeuse, rasoir, cire, crème dépilatoire, (j'en oublie volontairement) qui produisent des résultats  sensiblement différents.

    L'objet de mon courroux n'est pas l'épilation en elle même. Quoique je n'aime pas ça, ni sur moi ni sur les autres (à l'exception de certaines parties du corps qui demandent un minimum d'attentions afin de n'avoir pas de poils entre les dents), garder ou non ses poils relève d'un choix individuel qui n'a pas à être discuté. Quoiqu'à y bien regarder, lorsque le parti pris n'est pas justifié par des considérations esthétiques, les motivations invoquée pèchent par leur faiblesse.

    Pourquoi tant  de haine ?
    Examinons quelques arguments développés sur divers forums de discussion, dont la teneur est reproduite sans altération. La question posée était à chaque fois : " pour ou contre les mecs qui s'épilent ? ". Voyons ensemble:

    1/ Simone de Juan Les Pins :
    "J'ai eu un copain très poilu et quand je lui touchais ou embrassai le torse, j'avais l'impression de caresser mon lapin."
    Chère Simone, il ne fallait pas coucher avec votre lapin... voilà tout ! Et puis mieux vaut un lapin qu'un hérisson, non ?


    2/ Martine de Marseille :
    "Les poils ne sont pas doux et surtout ont pas super bon goût."
    Pour la douceur, effectivement, il n'y a pas trop de solution. Peut être un champoing approprié  ou un peu de soupline pourrait assouplir la toison de votre bienaimé ? En revanche pour le goût, suggérez-lui de prendre une douche et d'utiliser du savon, en particulier sur les parties intimes... Cela devait apporter un mieux tout à fait notable.

    3/ Marco de Nevers :
    " Moi je m'épile. Je trouve que c'est normal ! Je fais ça pour avoir un corps propre et lisse."
    Cher Marco, merci pour cet argumentation claire et solide. En effet quoi de plus irréfutable que la sacro-sainte normalité dont tu te fais le témoin ? Je ne te contredirai pas sur l'effet de lissé que personnellement je déteste, mais c'est une affaire de goût que je ne discuterai point. En revanche prends garde : la douceur d'une peau imberbe disparaît dès les premiers millimètres de repousse ! La peau devient alors aussi râpeuse qu'un cactus ! Enfin ta conception de la propreté m'inquiète : être imberbe ne signifie pas être propre... il s'en faut parfois de beaucoup. Relis mon commentaire fait à Martine.

    4/ Ecoutons pour terminer le témoignage de Carine, à Rodez :
    "Mon fils de 17 ans se rase les aisselles (je trouve çà plus hygiénique en effet) et ...les jambes (crème épilatoire), c'est un sportif, et il dit qu'il n'aime pas les poils non plus, que çà n'est pas beau. Apparemment, beaucoup de ses coéquipiers le font aussi... J'avoue que çà fait un peu féminin, mais bon, pas le choix..."
    Chère Carine, on peut se raser les aisselles tout en restant un véritable porc. L'hygiène corporelle n'est pas nécessairement une question de pilosité : être poilu n'est pas synonyme de crasse et réciproquement... Votre fiston trouve en outre que le poil c'est laid. Soit, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais alors qu'ils fasse bien gaffe à entretenir ses gambettes au risque de s'exposer au paroxysme de la laideur. Et puis, laissez le assumer cette part de féminité qui semble vous déranger... Vous le serez - hélas - tellement plus lorsqu'il vous présentera (peut-être ?) votre  futur gendre ! Mais je m'égare...

    Raser ou ne pas raser, tondre ou ne pas tondre...?
    Là n'est pas  tellement la question en définitive.
    La tondeuse, un compromis entre poil et pas de poil, a pour effet de diminuer la masse globale  de la toison pour ne laisser qu'un duvet dont on aura décidé l'épaisseur. Les autres méthodes font, au prix d'un cruel génocide, une peau lisse comme un cul de bébé en un temps trois mouvements, voire  au prix de quelques larmes de douleur pour ceux ayant opté pour la cire. On n'a rien sans rien. Or il ne faut pas perdre de vue que le poil, comme les cheveux et les ongles, ça repousse ! Et c'est là que le bas blesse.
    Car il n'y a rien de pire que la vision d'un bras ou d'un torse mal entretenu sur lequel les poils, anéantis avec hargne, profitent de l'inattention de leur hôte pour revenir d'outre-tombe  enlaidir la peau de leur fourche noire. Lorsque le hideux confine à l'immonde... Cela donne l'impression peu engageante du mec qui se néglige encore plus que s'il ne se lavait pas ! Hier encore à la salle de sport alors que je matais m'entraînais, un petit kéké aussi narcissique que bien foutu passe à coté de moi. Aussitôt je remarque que s'il a du poil aux pattes, ses bras sont en revanche quasiment imberbes, ou presque... Oui, presque : à y bien regarder, de petits filaments noirs longs de quelques millimètres commençaient à lui scarifier les avants bras... blêêêêrk !

    Alors, par pitié : si vous décidez de vous raser ou de vous épiler, faites le, mais alors faites le bien ! Et je vous en conjure : une fois la peau glabre, entretenez là ! Epargnez-nous cette vision d'horreur, aussi effroyable que celle d'un jardin à la française massacré par des taupes qu'un jardinier peu soigneux aurait laissé s'installer. Traquez le poil si ça vous amuse, mais alors traquez le jusqu'au bout : ce parti pris esthétique ne supporte pas la demi-mesure !

    Mieux encore : rangez vos outils de jardinage et laissez pousser ...

    L'image d'illustration est empruntée au Blog de Fred

    21 février 2010

    Chronique du racisme ordinaire

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    Ma voisine est le genre de personne qui en toute occasion prend soin d'elle. Toujours tirée à quatre épingles, sobrement maquillée, une jolie broche au revers de la veste, que ce soit pour aller acheter une botte de poireaux ou se rendre à la banque, son statut de veuve de colonel lui impose de tenir son rang, celui de la France d'en haut qui élève ses enfants avec une autorité placée sous l'étendard des bonnes manières, de la bienséance et des valeurs chrétiennes dont elle s'imbibe tous les dimanche en mangeant son dieu incarné dans un bout de pain, recueilli avec ferveur des mains du prêtre.

    Notre première rencontre eut lieu voici quatre ans dans l'ascenseur alors que j'emménageais dans mon nouveau chez-moi. Elle était en compagnie de son hypocondriaque de fille, frêle et chétive créature, écrasée par trente ans de suffocantes attentions maternelles.
    - "Ho, me dit-elle, c'est très bien que vous emménagiez dans cet appartement. Ca va nous faire du bien. Parce que vous savez, après toutes les horreurs qu'on a subies, on n'en pouvait plus ! Mais on veut pas vous faire peur hein... "
    Non du tout... J'avoue néanmoins qu'il n'en fallait pas moins pour piquer mon insatiable curiosité au vif.
    - Ha bon ? Mais il s'est passé quoi dans cet appartement ? m'enquerrais-je aussitôt.
    - Ho, c'était une israëlite mariée à un arabe ; ils se disputaient toutes les semaines, on les entendait dans tout l'immeuble. J'avais peur vous savez monsieur ! Même la police est venue plusieurs fois. Mais vous savez, ces gens là... C'est dans leur nature !"
    Sur le moment je n'ai pas trop réagi. Je me disais seulement que cet appartement allait être chargé d'ondes négatives et que, si les fautifs étaient partis, l'immeuble allait être désormais tout à fait calme.

    Par la suite j'étais amené à recroiser régulièrement ma voisine, dans la rue ou le hall d'entrée, toujours suivie de sa transparente progéniture, et échangions à l'occasion quelques mots courtois. Sauf que revenaient toujours dans sa bouche quelques giclées de venin tantôt contre le petit marocain de l'immeuble d'en face :
    - Hoooooo, mais c'est qu'il ne fait rien de la journée !!  Toujours après sa moto... vous croyez que c'est normal ça monsieur ?
    tantôt contre une black passant devant nous avec ses trois enfants en train de brailler :
    - Et celle là, vous croyez qu'elle avait besoin d'avoir tous ces gosses ? Non mais regardez moi ça !!
    Je ne sais pas pourquoi la réalité ne m'avait pas plus tôt éclaté au visage.
    Hier soir ce fut le pompon.

    J'avais reçu une étrange invitation à venir prendre une coupe de champagne sur le coup de neuf heures du soir. Pris de court par cette proposition surprenante, j'avais bêtement accepté. J'espérais seulement que ce ne fut pas une sorte de rendez-vous galant déguisé dont l'objet serait de faire plus ample connaissance avec sa laideronne de fille.

    Sachant le peu de cas qu'elle porte aux non-français, j'ai du mal à imaginer qu'elle serait sa réaction si je venais à lui  révéler  tout de go ma "singularité" afin de repousser des avances malvenues, faisant fi des convenances :
    - Madame, je suis pédé... je suce des bites moi, pas des foufounes...
    Je pense qu'elle en mourrait sur place ou qu'elle se disloquerait atome par atome...

    Etant un garçon bien élevé j'avais pour l'occasion acheté un petit bouquet de fleurs histoire de ne pas arriver les mains vides. Une petite appréhension tout de même : une rose rouge se perd au milieu du bouquet, pourvu qu'elle n'interprète pas cette coquetterie du fleuriste pour un message subliminal de ma part !

    La providence avait suggéré à mon hôtesse d'inviter l'une de ses bonnes amies - que nous appellerons Nicole - afin de ne point me laisser seul. Qu'elle (la providence) trouve ici l'expression de toute ma gratitude !

    Après avoir papoté chiffons pendant un bon petit moment et bu quelques coupes de champagne au milieu du petit salon cossu, Nicole commence à vider son sac et à nous raconter les déboires amoureux de son fiston, que j'imagine être le paroxysme de ce que peut être une bonne poire mollassonne et apathique. Je ne sais pas ce qui de l'histoire de Nicole ou des commentaires qu'en fit ma voisine m'a le plus horrifié. 

    Si le récit de Nicole  fut celui d'un véritable calvaire familial, mêlant déchirements familiaux et violences conjugales avivées par un divorce raté, les apartés de ma voisine furent la chronique d'un racisme ordinaire dont je me résous à ne relater ici qu'un court medley. Toute la puanteur du FN mêlée aux relents populistes du journal télévisé de Jean Pierre Pernaut...  
    - Ho les arabes vous savez... Ho et les noirs c'est pas mieux... Quand je vois tous ces gosses tenus n'importe comment, moi j'ai envie de... couic ! (elle mime de les étrangler) C'est au bazooka que j'irai moi ! Ho mais on n'est plus en sécurité vous savez ! Mais je les ai déjà dénoncé à la police les malgaches du 6° !
    Souvent je me suis demandé quel était le profil des électeurs d'extrême droite. 

    Maintenant je sais. 

    C'est couillon... j'l'aimais bien la voisine du 4°. Mais quelque chose me dit que rien ne sera plus pareil.

    19 février 2010

    Plaisir d'offrir

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    Cela peut paraître égoïste mais je ne ramène que très peu de cadeaux de voyages. La première raison est que je voyage assez peu, même si lorsque cela m'arrive je voyage assez loin. Les occasions de revenir les bras chargés de babioles ne sont par conséquent pas légion. La seconde raison est que je n'aime guère les souvenirs de voyage. Qui a déjà rêvé de recevoir un chien en coquillages, un tshirt "I Love Melun" totalement immétable, un décapsuleur tour-Eiffel, un pin's du Taj Mahal ou une reproduction au 1/500° de la Statue de la liberté qui clignote ? Le plus souvent on ne sait pas quoi en faire, on le pose juste pour faire plaisir sur le buffet dans le salon avant de s'en débarrasser plus ou moins définitivement par une chute fatale dont on essaie de se convaincre du caractère purement fortuit. Néanmoins, et par bonne conscience, je m'astreins autant que possible à rapporter deux ou trois bricoles à mes proches en mettant un point d'honneur à taper dans le produit local, made-in-le-village-d'à-coté ou représentatif de mes pérégrinations lointaines, tel que de l'artisanat un peu roots, ou une bonne bouteille de gnôle du coin.

    Il y a quinze jours c'était à mes parents de prendre la poudre d'escampette à destination de la Sardaigne. Et comme de coutume ma mère est revenue une semaine plus tard les valises pleines de jolis souvenirs... Le plaisir d'offrir que voulez-vous !

    J'ai déjà nommé un certain nombre de ce que j'estime relever des cadeaux les plus nases de la planète. Il y en a d'autres, je vous épargnerai une litanie qui pourrait vous rappeler de mauvais souvenirs, soit que vous ayez reçu personnellement l'un d'eux, soit que vous vous aperceviez soudain en avoir offert un par inadvertance par le passé, comprenant du coup la drôle de tête du gratifié à l'instant où il découvrait, horrifié, le contenu du paquet que vous lui aviez remis avec toute la fierté dont vous êtes capables. Mais là, j'avoue... mon imagination n'avait pas osé franchir certaines limites pourtant bien repoussées.

    Car une fois que ma mère nous ait remis à chacun notre dû,  elle aussi arborant alors une certaine forme de fierté, j'eus le plaisir (feint) de découvrir, après avoir déballé l'épaisse couche de papier-bulle enveloppant la chose, je vous le donne en mile :

    Un superbe repose cuillère............ jaune ...
    - C'est de la porcelaine Sarde ! Et peinte à la main !
    lança fièrement ma mère, le regard triomphant de cette belle trouvaille, comme s'il s'était agit de porcelaine de Sèvres.
    Me forçant à esquisser un sourire vaguement crispé, je la remerciai pour ce présent magnifique  (un repose cuillère ! gmwarpf...) et me demandais in peto ce que j'allais bien pouvoir faire de ce bidule aussi utile que l'est un fer à repasser à un cheval.

    Un repose cuillère............. jaune...!

    De retour chez moi, je pose machinalement l'objet à coté de ma plaque vitro et contemple sur le seuil de la porte la faute de goût irrattrapable que provoque l'intrus et sa jaunitude coupable. Moi qui m'étais promis de n'en jamais posséder un !

    Et puis vint ce soir...
    Le drame.
     
    Ce soir je préparais à dîner des légumes à l'étouffée avec un peu d'agneau grillé. Cuisiner sans sortir au moins deux fourchettes et une spatule, désolé, je ne sais pas faire. Oui, ça fait de la vaisselle en plus à nettoyer, mais comme j'ai une machine qui s'occupe de la basse besogne à ma place, ces questions là l'entrent pas en considération lorsque je me mets aux fourneaux.
    Mes légumes arrivaient au point de cuisson idéal (encore croquants mais cuits), la viande présentait des faces brunies à souhait d'où perlaient de délicates goutes de sang juste rosé, mes papilles frétillaient déjà d'impatience, lorsque je posai machinalement mon doigt sur la surface tactile pour stopper la cuisson. Mon regard accompagnant mon geste j'eus la surprise, que dis-je, la stupeur de constater que mes fourchettes et spatules sales avaient élu domicile provisoire sur le reposoir en porcelaine... Aaaaargh... A cet instant l'horreur de la situation atteignit son paroxysme : j'étais déjà conditionné, à l'insu de mon plein gré !!! Je m'étais servi du repose-cuillère-jaune-peint-à-la-main-en -porcelaine-Sarde...

    Je suis maudit, irrécupérable...
    Vite, passez moi une enveloppe que j'en finisse !

    Boarf...
    Finalement, c'est bien pratique ce bidule. smileys Forum

    17 février 2010

    Epopée Brésilienne - Episode 6 : Iguaçu

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    Après avoir brillamment survécu à la douche de la mort et terminé notre excursion au milieu des champs, nous nous envoyons à nouveau en l'air pour quelques heures, le temps de faire escale à Sao Polo pour gagner la ville de Iguaçu, frontalière de l'Argentine et du Paraguay, à la découverte de l'une des merveilles de la nature : les chutes d'Iguaçu, où nous resterons 2 jours.

    Couchés à 1 heure du matin, c'est à peine quatre heures plus tard que le réveil nous tire du sommeil. On avale vite fait un café et une tartine, et zou nous filons à l'aéroport. Décollage à 6h30, escale à Sao Polo pour arriver à destination en tout début d'après midi.
    Vous aussi vous vous demandez pourquoi on n'a pas pris un vol direct hein ? Nan passke Sao Polo c'est pas tout à fait la même direction que Iguaçu... Hé bien ma chère Simone, pour gagner du temps ! Oui. On vole plus longtemps, certes, mais on arrive plus tôt. Question d'horaires, et de timing serré.

    Il est environ 14h, nous nous posons à l'aéroport de Foz De Iguaçu et grimpons aussitôt dans le bus, accueillis par notre nouvelle guide, tonique, péchue et cultivée à souhait, et prenons sans tarder la direction du parc naturel de Iguaçu. On est là pour visiter, et pas une seconde n'est épargnée : au pas de charge !!

    Quand on parle de chutes monumentales, on pense tout de suite à celles du Niagara. Mais très peu à Iguaçu. Et pourtant...
    Les chutes d'Iguaçu sont situées en plein coeur d'un immense parc national s'étendant sur des dizaines de milliers d'hectares partagés entre le Brésil et l'Argentine classé patrimoine mondial de l'UNESCO dans les années 1980. En réalité il ne s'agit pas d'une simple chute d'eau mais de dizaines et dizaines de cascades qui se mêlent les unes aux autres pour former un ensemble proprement ahurissant. Si l'essentiel d'entre elles sont situées en territoire Brésilien, le coté Argentin offre un spectacle non-moins féérique.

    Après avoir pénétré la réserve naturelle sur les premiers kilomètres en car, nous progressons désormais à pied le long d'un sentier aménagé, au milieu des arbres immenses sur les troncs desquels poussent des orchidées sauvages, tandis que de grands papillons multicolores se posent sur nous, attirés par le sel de notre transpiration. Le soleil cogne très fort tandis qu'au loin gronde le tonnerre des eaux déchainées.

    Nous faisons également connaissance avec les coatis, petits animaux sauvages de la même famille que le raton laveur, mais à poil raz. Le coati est à Iguaçu ce que les pigeons sont à Paris, en moins laid : ça bouffe tout et surtout n'importe quoi, il y en a partout, mais c'est tout mignon et voleur !  En revanche gare aux quenottes qui ont l'air bien pointues... Les panneaux sont formels qui nous déconseillent de leur donner à manger ou de les caresser et les gardes forestiers qui passent de temps en temps les chassent en claquant des mains. Elles sont marrantes ces bestioles. On a envie de leur faire un rô câlin tellement elles sont mimi...


    Peu à peu, à travers la brousse, les premières cascade font leur apparition. Puis la vue se dégage... Un spectacle de carte postale !  Devant nous se déploient des chutes gigantesque dans un fracas apocalyptique. Les chutes ne se dévoilent pas du premier coup mais se découvrent et se redécouvrent sous un jour nouveau au fur et à mesure que nous marchons. Si le paradis existe, il doit ressembler à cela...


    Le site très bien fait permet par une série de passerelles de venir quasiment au pied des chutes où la force de l'eau produit un courant d'air puissant mêlé d'embruns. Nous sommes trempés de la tête aux pieds mais la chaleur aura tôt fait de nous sécher avant d'embarquer en hélicoptère pour découvrir le spectacle vu du ciel. Oué, on ne se refuse rien !

    Le lendemain, c'est du coté Argentin que nous passons. Là encore la féérie opère de façon décuplée. L'itinéraire est très long car comme je l'indiquais au début de ce billet, les chutes sont principalement situées en territoire brésilien ce qui fait de la rive opposée, située en territoire Argentin, le point d'observation  parfait.

    Le coté argentin est sans conteste le plus beau. Sur des kilomètres le spectacle se renouvelle, les vues sont féériques, le temps n'existe plus, la force débridée de la nature dans tout ce qu'elle a de plus brutal. J'ai oublié de le préciser mais au moment où nous étions sur place, le débit estimé s'élevait à 4 millions de mètres cubes d'eau par seconde... Herculéen ! Là encore des passerelles du circuit supérieur permettent d'accéder à la "Garganta del diablo" c'est à dire la partie supérieure des chutes qui offrent une perspective vertigineuse sur le contrebas. 


    L'après midi, séquence frissons : l'approche des chutes en bateau ! Armés de notre gilet de sauvetage, un puissant hors-bord s'élance aux pieds des tumultueux géants, au beau milieu des remous, écrasés par le bruit et inondés d'embruns. Vraiment impressionnant ! Je vous le recommande vivement car ce sont des émotions d'une rare intensité et un spectacle assez unique.

    La journée touche déjà à sa fin. Mais quelle journée !
    De retour à l'hôtel, nous nous changeons pour sortir dîner et reprendre des forces. Le voyage continue : demain Rio nous attend !


    Episodes précédents : Départ, Autour de Salvador, Salvador, Goiania, la ville où l'on ne va pas, Welcome to Hotel Acreuna

    14 février 2010

    Epopée Brésilienne - Episode 5 : Welcome to Hotel Acreuna...

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    De retour de la garden party sur le coup de une heure du matin (voir l'épisode précédent) nous gagnons non pas l'hôtel de Goiania mais un autre situé à proximité dans le village de Acreuna, Goiania étant situé à plus d'une heure et demi de route.

    Acreuna, personne - à part les brésiliens qui vivent là - ne sait que ce village existe. Personne n'y va, personne ne s'y arrête, sauf par erreur ou obligation professionnelle. Il n'y a rien à y voir ni rien à y faire. Ca tombait bien, nous n'étions là qu'en transit, pour une seule nuit.



    A vrai dire nous étions déjà passé par là le matin pour déposer nos bagages sans avoir pris le temps de visiter nos chambres. Mais une pointe d'inquiétude avait tout de même gagné le groupe habitué à un certain degré de luxe confort : qu'est-ce qu'un bled paumé en plein milieu de nulle part comme Acreunia, qui plus est dans un pays émergeant, pouvait offrir comme niveau de prestation hôtelière ?
    Ce qui nous attendait allait dépasser de très loin nos espérances les plus folles.

    Une illustration valant souvent mieux qu'un grand discours, je cède la place aux images que je commenterai au fur et à mesure.

    La première surprise fut en premier lieu la taille de la chambre. Fini les suites de 40m² au 17° étage avec vue panoramique sur la ville, literie hyper-king-size et les 130 chaines de l'écran plasma... Ici la fonctionnalité est réduite à ses fondamentaux : dormir. Deux lits jumeaux séparés par un intervalle qui permet à peine de poser les pieds par terre. Une télévision "dernier cri" dont nous n'avons pas réussi à comprendre le fonctionnement (pure curiosité intellectuelle, on était trop crevés pour la regarder) et une climatisation "mécanique" ultra-silencieuse que nous avons du éteindre pour pouvoir dormir, la chaleur étant préférable aux vrombissements. Point de superflu, tout juste le strict minimum, voire un tout petit peux moins.


    Vous apprécierez le goût exquis de la décoration et le très beau vert à peu prés coordonné de la litterie et du magnifique noeud papillon hyper tendance. Le noeud papillon est réalisé avec les serviettes éponge. Mais cela n'était finalement rien par rapport à la salle de bain que je n'avais tout d'abord pas vue. Normal, elle était masquée par la porte d'entrée restée ouverte...

    Là encore, point de salle de bain en marbre ou hyper design, point de baignoire d'angle ou de douche géante, point de sèche cheveux intégré... juste le strict nécessaire réuni dans l'espace minimum, soit environ 2m² ! Normal que je ne l'aie pas vue en entrant. Quoique spartiate et d'une hygiène acceptable (je n'ai pas vu un seul cafard vivant), cette salle d'eau / wc offrait pourtant tout ce dont on peut avoir besoin pour ses ablutions quotidiennes. Bon d'accord, quand on va pisser tout le monde entend, et en cas de grosse commission il était impossible de s'isoler. La convivialité brésilienne que voulez-vous ! Mais au final ce n'était pas le pire.
    Le pire c'était la douche.

    Les brésiliens sont les rois de la débrouille. Bricoler est une spécialité dans laquelle ils excellent avec d'autant plus de brio que les normes de sécurité semblent être le cadet de leurs soucis. Un exemple ? La douche. Comment obtenir de l'eau chaude à parti d'eau froide ? C'est très simple, il faut la chauffer par un moyen quelconque.
    J'avais déjà croisé un prototype de ce genre en Ecosse voici une quinzaine d'années : il s'agit d'un pommeau de douche avec résistance intégré. Si en écosse le montage était irréprochable, j'avoue avoir un doute sur la sécurité de celui ci.
    Admirez plutôt :
     

    Alors, ce n'est peut être pas très parlant comme ça au premier coup d'oeil, mais voilà ce qu'il faut comprendre : 


    Je l'ai baptisée "Douche Claude François".

    Mon partenaire de chambrée et moi-même avons tout de même longtemps hésité avant de nous lancer, regardant d'un oeil méfiant cette usine à gaz prête à nous griller en moins de temps qu'il ne faut pour le dire... L'idée de mourir électrocutés en pleine pampa brésilienne ne nous emballait pas tellement, ce qui se conçoit aisément ! Mais finalement la chaleur et la transpiration de la journée eurent raison de nos réticences et le lendemain au petit déjeuner nous en riions de bon coeur.
    En attendant que le bus vienne nous récupérer pour nous en retourner au milieu des champs, je prends quelques photos de fleurs magnifiques tandis que le soleil matinal joue à dessiner les  premières ombres sur les murs.

    12 février 2010

    Epopée Brésilienne - Episode 4 : Goiania, la ville où l'on ne va pas...

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    Enfin, en principe... Car nous, ben, on y est allé !

    Goiania se réduisait il y a 30 ans à une simple rue bordée de quelques rares bâtiments et bornée à chaque extrémité par une station service. Aujourd'hui la ville compte prés de 2 millions d'habitants. Cette croissance exponentielle ne l'a pas épargnée d'un urbanisme aussi galopant que chaotique... La ville ne présente aucun charme, faute d'historicité ou d'un passé quelconque dont elle pourrait se prévaloir. Ce n'est donc pas un hasard si cette ville ne figure au catalogue d'aucune agence de tourisme...
    Le seul (?) point attractif est un gigantesque centre commercial hyper bruyant,  autant que les brésiliens sont capables de l'être, dans lequel s'amasse le soir venu toute la jeunesse désoeuvrée. Quand j'écris "bruyant", je pèse mes mots... Le brésilien aime le bruit. Enfin, il en fait beaucoup. Plus encore que les espagnols pourtant déjà très généreux point de vue décibels. C'est à croire que le chahut les rassures dans l'immensité des steppes sauvages qui les entoure. Car sitôt quittée la ville, la nature reprend ses droits sur des kilomètres carrés à la ronde, à perte de vue.

    Mais alors, que faisions nous au beau milieu de ce no-man's-land me demanderez-vous ? 
    Hé bien chez lecteurs épris d'anxiété devant un suspens aussi haletant, nous étions là pour visiter une exploitation agricole. Haaaaaa !! Ca vous en bouche un coin hein ?
    Hé oui. Le Brésil est l'un des premiers producteurs mondiaux de pas mal de denrées alimentaires dont le soja et la canne à sucre, sur des superficies purement hallucinantes puisque dépassant facilement pour les plus modernes d'entre elles la taille de 5000 hectares. Nous étions donc accueillis par l'un des responsables d'une des coopératives agricoles du coin afin de nous rendre compte des enjeux de l'agriculture mondiale. 
    Alors, si j'ai retenu une chose c'est que en fin de compte, le soja... c'est nase ! Vous croyiez vous faire du bien en éliminant le lait de vache au profit de lait de soja ? Vous pensez que le toffu c'est bon à la santé ? Certes certes... Mais savez vous que la France arrive péniblement à couvrir 5% de ses besoins en soja et importe en conséquence les 95% restants ? Et que les principaux exportateurs mondiaux sont sur le continent Américain, sur lequel les OGM sont rois ? Et saviez vous ensuite que si chez nous le Roundup est interdit sur culture, il ne l'est pas là bas ? Hummm le bon soja OGM au roundup... Voilà qui fait réfléchir. En fait la filière alimentaire est juste pourrie de bout en bout et s'alimenter sainement devient impossible. Ne me parlez pas du Bio, je pourrais vous en dégouter en quelques lignes (dans un prochain article peut-être).

    Autre question : la canne à sucre. Les producteurs se sont rendus compte que faire de l'éthanol rapporte beaucoup plus que le sucre. D'autant que le Gouvernement Lula a conduit une politique énergétique très incitative au profit de ce nouveau carburant qui alimente la majorité des véhicules neufs circulant sur les routes brésiliennes. Certes... Sauf que du coup, il y a moins de sucre sur le marché, ce qui, par un effet de balancier, en fait sensiblement augmenter le prix. Du coup le sucre est en passe de devenir un produit de luxe dans certains des pays les plus défavorisés... M'est d'avis qu'elle tourne pas très rond notre planète !
    Bref, la visite fut néanmoins très instructive.

    La journée fut clôturée par une garden party dans une dépendance de la propriété, une maison de type colonial, entourée d'un jardin paradisiaque : pelouses vertes, bougainvillier géants en fleurs, des nuages de perroquets qui bavardent de branche en branche... Un verre de cahipirinha à la main, la fine pluie du soir sous laquelle je déambule me rafraîchit à peine. Pendant quelques instants je me prends pour Nicole Kidmann dans Australia, parmi le balais des arbres qui ondoient sous l'onde tropicale et les chants de la nuit tombante.

    J'ai un peu la gerbe.

    Depuis la veille au soir de méchantes douleurs me vrillent les intestins qui doivent à présent ressembler à des scoubidous tellement ils doivent avoir été tortillés dans tous les sens. Malgré tout je profite du cocktail apéritif avec appétit, espérant que l'alcool aura des vertus aseptisantes, ce qui s'avéra une erreur regrettable ! 

    Mon mal au bide ne fut hélas pas le pire des maux. Le patron avait cru agréable d'inviter les copains de son fiston afin de doter la soirée d'une ambiance musicale de qualité. Si apocalyptique a un sens, c'est ce mot précis qu'il convient d'utiliser à leur sujet. Une exécution en bonne et due forme, un véritable attentat qui prêtait d'abord à rire, avant qu'il ne prête à pleurer... M'esquivant subrepticement entre deux services de viande grillée, je trouvai finalement refuge à l'arrière de la terrasse où je m'allongeai sur le carrelage tiède, une douce léthargie me gagnant peu à peu.

    Un peu plus tard (je ne saurais dire exactement combien de temps, m'étant agréablement assoupi), nous rejoignons l'hôtel, non pas à Goniania, mais dans un petit patelin proche de là où nous nous trouvions. Un petit hôtel formidable dont je vous vanterai tantôt les charmes qui ne manqueront pas de vous faire succomber !


    A suivre...


    Episodes précédents : Départ, Autour de Salvador, Salvador

    8 février 2010

    A toi que les autres indiffèrent

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    A toi que les autres indiffèrent j'adresse ces mots brûlants
    Je ne sais pas pourquoi je m'emballe
    Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive
    Pourquoi j'ai la gorge qui se noue lorsque je vois ton visage
    Ton sourire
    Et le coeur qui bat lorsque nous nous discutons
    Cet émoi que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps
    La peur de me fourvoyer
    L'imprudence
    Et l'envie de te serrer tout contre moi
    De me sentir bercer

    Toi chaton méfiant
    Moi petit enfant timide
    Tes derniers mots m'ont touché comme rarement
    Et ton image désormais me hante.

    Edition : Adieu !

    5 février 2010

    Brigitte Fontaine au Bikini

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    Hier soir, la conne de la rue Saint Louis en L'Île conviait son public Toulousain à l'occasion de la sortie de son nouvel album "Prohibition".
    Inutile de présenter l'inoxydable Brigitte Fontaine. Au simple évoquer de son nom, les arbres dansent, les parapluies deviennent rayon de lune, les matous princes charmants.

    Embarqué par Ptitcréole et son loulou à la station de métro la plus proche nous filons vers le Bikini où un public très bariolé s'est donné rendez-vous : filles et garçons, seuls, en couple ou en groupe, d'un peu tous les milieux, d'un peu tous les âges... Un public déjà conquis : on ne vient pas à un concert de Brigitte Fontaine par hasard !

    Brigitte on la connait pour ses sorties psychédéliques sur les plateaux de télévision où chaque interview est une porte ouverte sur le foutage de gueule le plus absolu ; certains journalistes redoutent de l'affronter. Brigitte c'est un peu comme quand on est petit et qu'on joue à l'apprenti sorcier en mélangeant dans une bassine un peu de tous les produit ménagers trouvés sous l'évier : il se passe des choses, ça fume, ça mousse, on n'est pas sûr de comprendre vraiment ce qu'il se passe, mais il est une chose dont on reste ignorant jusqu'à la fin : le résultat ! Donc, voir Miss Fontaine sur scène sentait bon le flirt avec l'inconnu et renouer avec une certaine prise de risque.

    Première très bonne partie assurée par Nicolas Jules. Sous ses airs de dandy bohème aux accents rock, ne vous laissez pas tromper : ce garçon est un barjot lumineux ! Seul sur scène, debout avec sa guitare, doté d'une fort belle voix, fusent quelques saillies de folie à l'état brut et de jolis textes faussement élégants trahissant les failles d'une réelle sensibilité. La filiation revendiquée avec celle dont il ouvre la scène est à l'évidence légitime. Et le garçon a une sacrée gouaille !! Effronté, méprisant, cynique et ironique tant dans ses texte que lors de ses joutes avec le public, ses transitions sont autant de bonbons acidulés. Comme souvent il faut oser se laisser faire et se laisser porter par le personnage qui pique vraiment très fort les premières seconde. Une fois entré dans son jeu, trop tard : on en redemande. La chanson sur la mort : "la mort, sale odeur, c'est pour ça qu'on y met des fleurs" et son univers rose bonbon trash de petits lapins farceurs, bien évidemment morts eux aussi, reste un moment de choix. Un artiste à suivre...

    Un peu plus tard dans la soirée, quatre musiciens investissent la scène dans un halo bleuté : batterie, percu, guitare et basse. Dans une tapisserie sonore magmatique, une silhouette apparait, telle un mobile de Calder, la démarche faussement hésitante, la foule s'embrase. Tout de noir vêtue, le bras droit menotté, Brigitte Fontaine, visiblement très heureuse d'être face à son public, entame son premier titre : prohibition. Quelques problèmes techniques de balance feront que nous ne comprendrons pas grand chose des paroles pendant environ le premier quart d'heure tant les instrument couvraient la voix. Dommage.
    Je redoutais que le concert ne soit consacré qu'à ses derniers titres mais j'eus le plaisir de voir rapidement mes craintes se dissiper. La set list balayait à peu près tout le répertoire des albums précédents, parfois réorchestré pour les besoins de la scène, voire légèrement réécrits pour mieux coller à l'actualité. Ainsi le nougat devint hier soir loukoum... Ma foi ! Mais visiblement Brigitte n'a que peu d'égards (bel euphémisme !) pour la politique menée par notre gouvernement : reconduites massives aux frontières, lois liberticides, bienpensance et politiquement correct sont des sujets qui la taraudent et sur lesquels elle ne se prive pas de réagir, à sa façon, c'est à dire dans l'excès et la provocation, tantôt debout, tantôt affalée dans un vaste fauteuil en rotin, l'oeil vif et le sourire irradiant tandis qu'elle lance son désormais culte "je suis vieille, et je vous encule".
    Court intermède musical par son fidèle Areski Belkacem qui prit le temps de quelques chansons le devant de la scène, tandis que la star devait aller se repoudrer le nez (avec le guitariste) et se changer pour revenir vêtue d'une étrange robe rouge assortie à sa nouvelle paire de menottes en fourrure rose.
    Ptitcréole, ironique, se demandait dans la voiture si elle réussirait à débaucher Grace Jones avec qui elle partage un duo sur son dernier album. Point de Grace Jones hier soir. En revanche ce sont Mouss et Hakim qui vinrent lui donner la réplique. Clin d'oeil sympathique de ces deux artistes Toulousain à l'entrain communicatif.
    Un autre personnage qui était hier soir plein d'entrain : Yann Péchin à la guitare. Plusieurs fois nous avons cru qu'il était perdu et que plus jamais il ne redescendrait sur terre tellement il planait dans un univers parallèle lointain... Le voir s'exciter sur sa guitare (stade freudien dépassé !!) à quelques mètres de nous  avait quelque chose d'un peu inquiétant (sûrement les ravages d'un repoudrage de nez mal dosé ?). D'autant que le résultat sonore pouvait laisser perplexe : tout ça pour... heu... ça ? Ha.... Bref... Lui prenait en revanche un pied degré 12 sur l'échelle de richter. 

    Ce fut au final un très agréable concert qui m'a donné une image un peu différente de cette artiste emblématique dont l'opinion publique ne retient souvent qu'une caricature, sans oser écouter vraiment la musique ou lire les textes de ce qui ne passe pas à la radio. Car, contrairement à la chanson, Brigitte Fontaine sur scène ça n'est pas exactement "comme à la radio". Si elle se joue des médias, elle ne se joue pas de son public, mais joue avec lui, entre malice et tendresse, derrière le masque de l'excentricité.
    Salam Brigitte !

    2 février 2010

    Militant ?

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    J'étais hier après midi au cocktail de lancement du 3° Festival du film LGBT de Toulouse Des images aux mots qui se tient dans la Ville Rose jusqu'au 7 février. Durant les discours des différentes autorités invitées à prendre la parole, plusieurs fois le verbe militer, ses substantifs et synonymes ont été utilisés : militer pour plus de tolérance, militer contre l'homophobie, militer pour l'égalité des droits, militer pour le mariage homo...

    Un peu plus tard c'est Nad, que j'accompagnais, qui me pose la question de mon éventuel engagement dans une association LGBT au vu de mes faits d'armes. En effet, j'ai eu le plaisir de faire parti de la très dynamique équipe de modération d'un important forum gay pendant environ un an jusqu'en septembre dernier et tente de contribuer à ma très modeste mesure à la pédé-sphère cybernétique par le présent blog ainsi que diverses autres petites choses ici ou .

    Une coupe de champagne à la main cette fois, le sujet s'invite dans la discussion que j'entretenais avec une personne rencontrée à l'occasion alors que nous papotions blogage.

    Ce matin, comme un fait exprès, c'est Matoo dans son dernier billet qui à son tour exhorte au militantisme...

    Quand je lis certains articles de presse et les réactions haineuse de lecteurs, quand je lis la relation de certains faits divers de pédés qui se font casser la gueule juste parce qu'ils sont pédés, oui, ça me met  furieusement hors de moi, me donne envie de me lever et taper très fort du poing sur la table. Mais je ne le fais pas.  Je reste sagement assis sur ma chaise, la gorge nouée, espérant que cela ne m'arrivera jamais.

    Je n'ai jamais été activiste, prosélyte, à distribuer des flyers ou à prendre publiquement la parole à visage découvert sur ces sujets là, en pleine lumière. Je préfère pour l'instant rester dans l'ombre. Par ailleurs, je ne me reconnais pas pleinement dans la multitude des revendications émanant des diverses associations et autre groupements politiques oeuvrant en faveur de la "cause" Gay. Il est certains combats en lesquels je ne crois pas, ou pas encore, parcequ'il me semble que la question n'est pas aussi simple qu'il n'y parait et que l'on galvaude la réalité du sujet en gesticulant à tout va.

    Pourtant chaque fois monte en moi cette question : Qu'est-ce que moi, petit Tambour Major qui se cache peureusement derrière son pseudonyme, je fais pour tout cela change ? 

    Pas grand chose...

    Mon homosexualité n'est pas publique, seuls mes amis le savent, mais ni ma famille ni mes collègues, et je ne ressens pas le besoin d'en faire étalage. Ce n'est pas un mensonge ou une tromperie ; juste que je refuse d'être réduit à mon orientation sexuelle, qui ne regarde que moi, tout comme mes parties de jambes en l'air dont je ne fait jamais état. Le détail de ma vie privée n'a pas vocation à être étalé au grand jour. Dès lors, je ne me revendique pas publiquement comme homosexuel, pas plus que je me revendique de quoi que ce soit à quelque niveau que cela puisse être.

    Je suis ce que je suis, tente de vivre ma vie trépidante le plus paisiblement possible sans emmerder personne tout en essayant de ne pas pourrir celle des autres et en vivant pleinement les valeurs d'humanité, de respect et d'amour du prochain en lesquelles je crois profondément.

    Lorsque j'étais modo sur le forum que j'évoquais in limine, ma première préoccupation était de veiller à la bonne entente de tous, rendre les pages chaleureuses (non pas qu'elles ne le fussent point auparavant), accueillir et rester à l'écoute des nouveaux venus souvent en profonde détresse affective. Là j'étais bon. Être Gay dans une grande ville n'est pas toujours évident, alors lorsque l'on habite un petit hameau en rase campagne, l'enfer est souvent au coin de la rue. Ainsi ai-je oeuvré pendant environ un an et je pense y avoir plutôt bien réussi.

    Mon blog n'est ni un lieu de revendication ni de militantisme. Il n'est qu'une fenêtre ouverte sur certains aspects de ma vie, vie qui encore une fois ne se rapporte par systématiquement à ma sexualité. Je parle de moi, de ce qu'il m'arrive, de mes voyages, de mes coups de gueule, de la vie presque (ordinaire) d'un mec presque (quelconque) en somme. Arborer les armoiries des pédéblogueurs n'est pas non plus acte de militantisme. Que je sache, nous ne sommes pas un groupement, ni une association, plus ou moins un réseau  spontané de blogueurs ayant pour point commun leur homosexualité. Il s'agit d'un identifiant, d'un point de repère pour le lecteur qui se trouve ainsi averti de ce qu'il est susceptible de lire ici.

    Je n'ai surtout pas la prétention de m'ériger en une quelconque forme d'exemple.  Mais si la lecture de mes billets peut en rassurer quelques uns sur ce que signifie être Gay, montrer qu'ils ne sont pas obligés de se tortiller comme Zaza Napoli, que les Gays ne sont pas tous des grandes folles aiment se faire déchirer le fion, qu'ils n'ont pas à avoir honte d'être ce Dame Nature a fait d'eux, qu'au fond on peut vivre cela très bien, que l'on se pose tous à un moment donné les mêmes questions existentielles, que l'on est tous dans la même soupe, qu'on peut vivre ensemble sans se tirer perpétuellement dans les pattes...  S'il s'en trouvent qui puisent en ce lieu quelques bribes de réconfort et d'encouragement dans leur démarche d'acceptation comme j'ai pu en trouver ailleurs à moment de ma vie où j'en avais cruellement besoin, même si ce n'est pas ma vocation première, alors je dis tant mieux.

    Mutatis mutandis, si je peux contribuer auprès d'autres personnes à donner une image des Gays autre que celles dont les médias de bas étage (beaucoup en somme) font leur miel à grand renfort de plumes, strass et paillettes, alors là encore ce sera tant mieux.

    Au fond, est-ce peut être là ma façon de militer ?