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  • 25 avril 2018

    Carmen incandescente, au Théâtre du Capitole

    Voir et revoir Carmen, l'un des quelques opéras qu'il faut avoir vus au moins une fois dans sa vie, est l'assurance de passer trois belles heures en compagnie d'une œuvre magistrale dont le succès ne se dément pas depuis près de cent cinquante ans. 

    Spectacle visuel vivifiant où s'affrontent les thèmes éternels de l'amour, de la passion et de la liberté, la mise en scène de Jean-Louis Grinda pêche toutefois en ses premiers tableaux par un certain statisme qui sied peu à l'agitation de cette place de Séville où se côtoient cigarières et brigadiers, bandits et âmes en peine, sans oublier les mômes des rues qui arpentent les lieux en singeant l'allure de leurs aînés.

    Début décevant, donc, car l'agitation cède le pas à une série de tableaux manquant cruellement de vie et de fluidité, le tout s'enchaînant comme autant de saynètes juxtaposées où pas grand chose ne bouge. Dommage, tant le texte et la musique disent autre chose. De même la marche des petits soldats paraît bien plate pour une bande de gamins des rues, alignés sagement comme s'il s'agissait d'une kermesse de fin d'année.

    Puis, rapidement, arrive le premier air de Carmen, incarnée par Clémentine Margaine, magnifiquement servie par Charles Castronovo qui, dans le rôle Don José, lui donne la réplique. Et là encore, une pointe de déception : le texte n'est pas articulé jusqu'au bout, certaines syllabes sont avalées. Cela est fort dommage, car, au-delà de l'air de habanera connu de la planète entière, le texte en lui-même est une clé essentielle de l’œuvre : 

    "Si tu ne m'aime pas je t'aime, 
    et si je t'aime prends garde à toi...

    Oui, prends garde à toi, toi l'inconscient qui convoite l'insaisissable Carmencita. Tu es Icare, voici ton Soleil. Tiens-toi à l'ombre des arènes de Séville si tu ne veux pas périr. 

    Et puis, passé la première demi-heure, le plateau de réveille, le brasier Carmen prend feu en une tornade pyrotechnique consumant tout sur son passage, jusqu'à se consumer elle-même dans ses propres flammes.

    Fougue incroyable du plateau, orchestre brillant et d'une belle clarté, subtilité et intelligence des décors dont certains n'ont pas été sans m'évoquer directement le travail de Richard Serra (dont une série d’œuvres doit, absolument être vue au Guggenheim de Bilbao !), utilisation très intelligente de la vidéo qui donne aux derniers tableaux une profondeur d'action absolument géniale (l'entrée des picadores dans l'arène de Séville !), jeux de lumières fabuleux chez les contrebandiers, énergie incandescente dans la taverne de Lillas Pastias... Tout était réuni pour faire de ce Carmen une vraie réussite.

    "Toréador, en garde ! Toréador, Toréador !
    Et songe bien, oui, songe en combattant
    Qu'un œil noir te regarde,
    Et que l'amour t'attend,
    Toréador, L'amour t'attend !
    Et songe bien, oui, songe en combattant
    Qu'un œil noir te regarde,
    Et que l'amour t'attend,
    Toréador, L'amour t'attend !
    "

    Libéré des contraintes techniques, le jeu scénique prend alors toute sa dimension, le texte toute sa saveur et les personnages - Clémentine Margaine y est tout simplement magistrale - toute leur profondeur ambiguë.  

    Car dans cette fable aigre-douce, où se mêlent la liberté, la haine, l'amour et la mort, n'est pas le véritable toréador celui que l'on croit...

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